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Gilles-Eric Séralini : une Vierge militante

« Sa pensée est le moteur de l’interrogation permanente. La vie est pour lui le dossier d’une enquête. Attentif, scrupuleux, il cherche, il observe, il déduit… A partir de l’observation des détails, il généralise, conceptualise… Obsédé par son besoin de savoir, sa curiosité fait souvent de lui un érudit dans sa spécialité… Il est encombré par un souci de perfection qui le stimule mais qui restreint en même temps l’envergure de ses possibilités. Il réduit son objectif au profit d’un gros plan cadré à sa mesure. »

Ces quelques phrases sont extraites de l’Astrologie solaire1 à propos du signe de la Vierge. Pas de quoi s’étonner que ce signe ait produit des chercheurs aussi célèbres que Johannes Kepler, Jean-François Champollion, Camille Guérin, Louis Pasteur (6 planètes en Vierge !) et… Gilles-Eric Séralini (4 planètes dans ce signe).

La notoriété du dernier est plus récente : il a fait la Une de l’actualité scientifique depuis le 19 septembre, date de la publication des résultats de l’étude faisant état d’une forte mortalité et d’un risque tumoral important chez des rats nourris avec un aliment formulé avec du maïs génétiquement modifié (NK603)2. Grâce à ce chercheur, le conflit autour des OGM n’est plus seulement animé par les faucheurs volontaires : il a lieu au sein même des laboratoires ! En résumant, l’auteur de l’étude est taxé de « manque de rigueur scientifique » mais réplique en accusant ses détracteurs d’être « vendus aux lobbies du génie génétique ».

Il ne faut pas être n’importe qui pour oser s’opposer à Monsanto ! Qu’y a t-il donc de particulier dans le thème de Gilles-Eric Séralini pour s’obstiner depuis 15 ans à travailler dans un domaine aussi controversé ?

– On l’a dit, 4 planètes sont en Vierge, dont le Soleil conjoint à Pluton, et Vénus-Lune également conjointes. Méticulosité, ingéniosité et sens de l’organisation garantis : on observe, on trie, on cloisonne, on systématise… Un amas planétaire qui met surtout en valeur la capacité à observer l’infiniment petit, une spécialité Vierge. Or quel est le domaine de prédilection de Gilles-Eric Séralini ? La biologie moléculaire…

– Dans ce thème, le Soleil occupe une place tout à fait spéciale, exactement au Fond du Ciel. On touche ici aux racines de l’individu, ce sur quoi il bâtit son existence. Avec le Soleil au Fond du Ciel, on est sûr d’être le meilleur, comme une valeur reçue en héritage. Cette force est surmultipliée par la conjonction Soleil-Pluton : sans ostentation mais avec lucidité, l’individu pense : « je détiens la vérité et je l’affirme ». De quoi forger une volonté invincible pour s’attaquer aux fous qui veulent bricoler le vivant ! Car Pluton est aussi considéré comme le gardien « des forces de la nature », celui qui a le pouvoir de vie et de mort. Quand on a Soleil-Pluton positionnés exactement sur le point symbolisant l’Origine, dans le signe de la Vierge respectueux de la nature et de ses cycles, on ne peut que lutter contre ceux qui veulent justement s’attaquer à la vie elle-même (dans le cas des OGM, mondialiser des cultures de plantes devenues stériles).

Soleil et Pluton ne nouent que des liens harmoniques avec les autres planètes, dont certaines très puissantes, comme Jupiter en Sagittaire et Saturne en Capricorne. Tout est en place pour que le succès soit au rendez-vous et se construire une place en vue dans la société. (De 1998 à 2007, le Pr. Séralini a fait partie de la Commission du génie biomoléculaire chargée d’autoriser les OGM pour le gouvernement français et l’Union européenne. Il a fondé en 1999, avec Corine Lepage, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN) dont il est président du conseil scientifique).

Mais Gilles-Eric Séralini n’est pas seulement un scientifique : c’est un homme de communication. Mercure est le maître de son signe solaire mais également de son Ascendant Gémeaux, signe dans lequel est domicilié Mars. De quoi l’encourager à communiquer tous azimuts à propos de ses travaux ! En vrai Mercurien, il ne laisse rien passer de ce qui peut lui servir pour asseoir sa notoriété, ce qui tranche avec la discrétion habituelle des scientifiques. Le lancement du livre et du documentaire fait par Jean-Paul Jaud, « Tous Cobayes ? », au moment de la publication de l’étude sur le maïs NK603 lui ont d’ailleurs été beaucoup reprochés.

Les conclusions de la dernière étude de Gilles-Eric Séralini seront forcément examinées de très près mais n’est-on pas naïf de croire encore une fois que LA Science va nous apporter des réponses claires ? En admettant que l’Etat français surendetté trouve quelques millions d’Euros pour financer des recherches publiques sur la question, que va t-on démontrer ?

– Hypothèse 1 : les résultats de Séralini sont confirmés : mais pas avant 2 ans ! La dangerosité sanitaire du maïs NK 603 sur le rat sera donc démontrée au taux minimum d’incorporation de l’étude (11 %). Mais les pro-OGM objecteront qu’à 10 %, on ne sait pas ce qui se passe, que l’extrapolation des résultats à d’autres espèces n’est pas automatique, qu’entre temps est apparue le NK 603.2 beaucoup moins toxique, etc. De quoi faire vivre les chercheurs pendant des décennies sans rien changer à l’utilisation massive d’OGM en agriculture3

– Hypothèse 2 : on découvre que les malheureux rats de l’étude Séralini ont développé des tumeurs à cause des mycotoxines dans le maïs, du bisphénol A contenu dans les cages, des adjuvants ajoutés aux aliments, etc (hypothèses faites par le Pr Narbonne, de l’université de Bordeaux et expert à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’environnement, de l’alimentation et du travail (ANSES). Le caractère « inoffensif » des OGM sera confirmé et leur généralisation va s’accélérer. Une quinzaine sont en attente d’une autorisation de culture dans l’Union européenne…

On aura gagné quoi ? Polarisé sur l’aspect toxicologie, on aura laissé de côté d’autres questions majeures qui se posent à propos des OGM, dont la liste qui suit est loin d’être exhaustive…

– Est-il raisonnable qu’une majorité de cultivateurs utilisent les mêmes semences, faisant fi du principe de biodiversité censé protéger l’agriculture des maladies ?

– Va t-on continuer la course folle au développement de pesticides encore plus efficaces pour venir à bout des plantes devenues résistantes ? 

– Comment éviter une dissémination incontrôlée des plantes OGM alors qu’on sait que la pollinisation croisée est possible dans certains cas ?

– Est-il sain que les agriculteurs (qui représentent encore 50 % de la population active dans la majeure partie des pays du monde) deviennent les otages des producteurs de semences ?

Craindre les OGM à cause du risque potentiel de cancer, c’est comme manger bio pour sa santé, un point de vue un peu étroit, non ? Et la Terre dans tout ça, on s’en fiche du moment qu’on meurt d’autre chose que d’un cancer ?
Une idée : si on profitait de l’entrée de Neptune en Poissons (signe opposé de la Vierge, ouvert vers l’infiniment grand) pour élargir l’horizon de la réflexion au lieu de vouloir à tout prix « contrôler » la nature ?

– Merci à Marc Brun de la FDAF, pour l’obtention des coordonnées de naissance de Gilles-Eric Séralini

1Cozannec A, Guérin F. Astrologie solaire. Editions du Rocher, 1980

2 Séralini GE, Clair E, Mesnage R, et al. Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize. Food and Chemical Toxicology 2012, 50 : 4221–4231

3Le NK603 est autorisé à la culture dans douze pays dont les principaux sont les Etats-Unis, l’Argentine, le Brésil, le Canada et le Japon, pays nettement moins inquiets que nous à propos des OGM.