Participant un jour à une réunion d’un club de femmes « micro-entrepreneuses », j’avais eu la surprise d’entendre l’une d’elles se présenter comme astrologue professionnelle. Le silence s’est fait parmi celles qui proposaient des repas traiteurs à domicile, des cosmétiques bios, des bijoux artisanaux, des e-services divers, etc. Je pouvais dessiner la bulle qui s’est formée dans les cerveaux autour de la table (même si les femmes sont généralement plus réceptives que les hommes à l’astrologie) : « aïe, si on commence à intégrer des charlatans, où va t-on ? ».
Dommage, il y a quelques siècles, le statut d’astrologue inspirait le respect mais aujourd’hui, peu de disciplines rassemblent autant de détracteurs que l’astrologie. La pratiquer régulièrement implique de devoir d’emblée répondre (ou être prêt à le faire) à de multiples objections voire sarcasmes à son sujet. Il est évidemment plus rationnel qu’un trader gagne des fortunes en faisant tourner des logiciels programmés pour réagir en une micro seconde à la moindre dépêche d’actualité. On ne remet pas non plus systématiquement en cause le fait qu’un prêtre croit en un dieu dont on attend toujours de savoir s’il existe. Ou qu’un magnétiseur puisse soigner quelqu’un sans même le toucher. Quant au physicien qui nous affirme que le temps s’écoule à l’envers à l’intérieur d’un trou noir, il suscite un étonnement admiratif ; face à la « Science », on est prêt à avouer son ignorance et admettre que tout ou presque reste à expliquer. Pour l’astrologie c’est l’inverse, il faut argumenter face à des sceptiques qui croient tout savoir, c’est ainsi. Restons positif en constant que cela stimule à la fois nos qualités de diplomatie, de psychologie et de réactivité intellectuelle.
Mieux vaut en prendre son parti et trouver l’envie d’en rire. Un site intitulé charlatans.info donne le ton des questions qu’il faut paraît-il poser à un astrologue pour l’embarrasser (sic). Petit florilège…
– « Quelle est la probabilité pour qu’un douzième de la population mondiale ait le même type de journée ? »
Aucune, tous les astrologues sont d’accord pour dire qu’un horoscope basé sur le mois de naissance n’a aucune valeur. 
– « Si l’utérus de la mère est capable de protéger un fœtus hors des influences célestes jusqu’à la naissance, peut-on en faire de même dans une pièce dont les murs seraient de viande ? »
Je me demande si c’est un boucher qui pose la question. L’intérêt pratique m’échappe. A rediscuter quand on aura inventé l’utérus artificiel pour permettre aux femmes d’avoir des enfants sans les porter. (Certains y réfléchissent sérieusement hélas).
– « Si les astrologues sont aussi doués qu’ils le prétendent, pourquoi ne sont-ils pas tous milliardaires ? »
Posséder une Rolex à 50 ans est en effet la meilleure preuve de la valeur individuelle. Qu’en pensent les 5 millions de pauvres recensés par l’Insee en France ?
– « Tous les horoscopes réalisés avant la découverte des planètes les plus extérieures sont-il faux ? »
Quelle science peut rester figée pour l’éternité ? La découverte d’Uranus en 1781, de Neptune en 1846 et de Pluton en 1930 ont permis d’ajouter des nuances à l’interprétation d’un thème astral et des transits associés. Elles ne remettent pas en cause les influences des planètes connues depuis l’antiquité (de la Lune à Saturne).
– « Ne devrions-nous pas rejeter l’astrologie comme toute forme de bigoterie ? »
Amusant : d’habitude ce sont les catholiques conservateurs qui rejettent l’idée d’un quelconque déterminisme planétaire. Il est bien évident que ni la génétique, ni notre éducation, ni notre pays d’origine, ni notre culture, ni notre milieu social (…) ne nous influencent en quoi que ce soit ; alors les planètes….
– « Pourquoi différentes écoles d’astrologie sont-elles tant en désaccord entre elles ? »
C’est vrai ça, la pensée unique, ce serait plus simple quand même. Qui va déterminer la ligne à suivre ? Et quid du fait que l’humanité a toujours progressé grâce à ceux qui prenaient un peu de distance par rapport aux dogmes ? Sans compter que l’astrologie conditionaliste, humaniste, kabbalistique, médicale, psychanalytique (etc.) ne s’opposent pas, elles se complètent.
– « Si les influences astrologiques sont transmises par une force inconnue, pourquoi les planètes dominent-elles (par rapport aux étoiles) ? »
Recadrons juste un peu les choses : Pluton, la planète la plus éloignée du Soleil dans notre système solaire se trouve à 5,7 milliards de kms de nous. L’étoile la plus proche de la Terre, Proxima du Centaure, est elle à 2,55 années lumière (1 année lumière équivalant à 10 000 milliards de kms). L’échelle est quand même très différente.
D’autres questions ?! Pour ceux qui n’ont plus envie de se justifier, « L’Astrologie pour les nuls » existe en Poche, à conseiller à ceux qui ont sincèrement envie d’en savoir plus. Mais c’est rarement le cas de ceux qui ricanent…
De la Lune à Pluton 